L'énorme acoustique
Je trouvais élégant de faire un article sur les normes utilisées comme références, pour expliquer aux musiciens ce qui se joue. L’acoustique est un sujet qui suscite toujours autant de discussions et bons nombres d’idées reçues circulent toujours avec une vigueur intacte. Réalité ou marketing? Beaucoup se demandent s’il y a vraiment « une bonne réponse » sur le sujet.
En partant de « je vais accrocher des mousses absorbantes aux murs » à « il faut une pièce accordée » (tuned room), on sent l’envie de bien faire mais aussi l’incompréhension globale du sujet. Puis je me suis demandé si cela avait réellement un intérêt? D’ailleurs, parle t-on encore de la musique quand elle est simplement rapportée à des mathématiques?
Dans mon métier, il faut évidemment comprendre quand le besoin de mesures acoustiques se fait sentir et pourquoi réalisent-on ces mesures? Et finalement, est-ce utile pour les musiciens? Pas vraiment. Il est préférable pour eux de se concentrer sur la pratique de son instrument. Je m’occupe du reste.
Pour les plus curieux, voici quand même quelques explications sur les normes les plus utilisées dans le mixage
La RT60
La norme RT60 est une mesure utilisée en acoustique pour évaluer le temps de réverbération d’une pièce, c’est-à-dire le temps qu’il faut pour que le son s’atténue de 60 décibels après l’arrêt de la source sonore (decay).
Dans le son, à l’écoute comme à l’enregistrement, il est clair qu’une longue réverbération, mal maitrisée, peut entraîner des problèmes d’intelligibilité, de clarté sonore et même de fatigue auditive. D’autre part, une réverbération trop courte peut donner une impression de sécheresse ou de manque de chaleur dans un espace.
Pour contrôler la réverbération, diverses techniques peuvent être utilisées, telles que l’ajout de matériaux absorbants acoustiques, la modification de la forme de la pièce ou encore l’installation de dispositifs de diffusion du son. Ces méthodes visent à ajuster le temps de réverbération selon les besoins spécifiques de la pièce, que ce soit pour un auditorium, un studio d’enregistrement ou une salle de réunion.
En somme, la norme RT60 fournit un cadre de référence essentiel pour optimiser l’acoustique des espaces afin d’assurer une qualité sonore optimale, en garantissant un équilibre entre la clarté, l’intelligibilité et le confort auditif pour les occupants de ces espaces.
La EBU R 128
Cette norme, adoptée par l’Union Européenne de Radiodiffusion (EBU), définit les spécifications de volume audio pour les diffuseurs de radio et de télévision. Elle établit des limites de niveau sonore pour éviter les bruits de fond et les distorsions. Contrairement aux anciennes méthodes de mesure basées sur le niveau de crête ( peak level), l’EBU R128 se concentre sur le niveau sonore perçu, offrant ainsi une mesure plus précise de la dynamique sonore.
Le respect de la norme EBU R128 est essentiel pour garantir une expérience auditive cohérente pour les auditeurs. En normalisant le niveau sonore, cette norme permet d’éviter les écarts brusques de volume entre différents programmes, ce qui améliore la convivialité et la qualité de l’écoute, notamment lors du visionnage de contenu en continu ou en playlist.
Pour respecter la norme EBU R128, les ingénieurs du son utilisent des outils de mesure de niveau sonore conformes à cette spécification et ajustent le traitement audio en conséquence. Cela peut impliquer l’utilisation de compresseurs, de limiteurs ou d’autres techniques de traitement audio pour maintenir le niveau sonore dans les limites spécifiées par la norme.
En résumé, la norme EBU R128 fournit un standard de référence pour la gestion du niveau sonore dans les productions audio, garantissant ainsi une expérience d’écoute plus homogène et agréable pour les spectateurs et les auditeurs, tout en préservant la dynamique et la qualité sonore des programmes diffusés.
Le dBv ou le dBFS?
Le dBV et le dBFS sont deux unités de mesure utilisées dans le domaine audio pour quantifier le niveau de signal. Le dBV mesure le niveau de tension d’un signal par rapport à une référence de 1 volt, tandis que le dBFS mesure le niveau numérique d’un signal par rapport au niveau de crête maximum autorisé par le système numérique (Full Scale).
Le passage au 100% digital dans le domaine de l’industrie musicale nous a tous obligé à « mettre nos logiciels à jour » en matière de mesure de niveaux sonores. Progressivement les mesures communes n’étaient plus adaptées. Ceux comme moi qui conservent une partie analogique dans leurs matériels sont obligés de jongler avec les conversions entre ces normes.
Le dBV est utilisé pour mesurer le niveau de signal dans les systèmes analogiques, car de l’électricité circule encore abondamment dans les composants. Tandis que le dBFS est utilisé dans les systèmes numériques pour indiquer la quantité de marge restante avant le signal atteigne sa pleine saturation numérique.
En pratique, cela signifie que le dBV est utile pour régler les niveaux de signal dans les équipements tels que les amplificateurs, les préamplis et les consoles de mixage analogiques, tandis que le dBFS est utilisé pour éviter la distorsion numérique lors de l’enregistrement ou de la lecture de signaux numériques, en veillant à ce que le signal reste dans les limites tolérées du système numérique.
En résumé, bien que le dBV et le dBFS soient tous deux des unités de mesure de niveau de signal, ils sont utilisés dans des contextes différents – et fournissent des informations essentielles pour garantir la qualité et l’intégrité du signal audio dans chaque environnement respectif.
Conclusion
Si vous êtes à cet endroit de l’article c’est que le sujet vous intéresse sûrement. Mon conseil : mieux vaut ne pas trop se prendre la tête avec les normes. L’acoustique parfaite n’existe pas et le propre du métier d’ingénieur de son et de comprendre les problèmes à un instant T, et y remédier avec les outils dont il dispose. Le musicien doit se concentrer sur son art et laisser les techniciens gérer les situations lorsqu’elles se présentent. Le principal c’est qu’à la fin ça sonne.